Des différents mode en sculpture ou comment traiter chaque sujet selon David d’Angers

David d’Angers – Sa vie, son œuvre, ses écrits et ses contemporains, Henry Jouin, éd. Plon, 2 volumes, 1878, Tome second écrits du maître – son œuvre sculpté

Cet ouvrage réunit une sélection des textes de David d’Angers, l’organisation et certains titres sont d’Henry Jouin

Esthétique et histoire de l’art

Sculpture

Chapitre IV – Des différents mode en sculpture

Sculpture religieuse

I. L’image des saints doit parler d’immortalité, – caractère de la sculpture religieuse autrefois et aujourd’hui

(p 37)
I. Est un sujet religieux qui vous est demandé, il vous faut rappeler la vie, mais seulement avec la nuance nécessaire à l’indication de la vie terrestre du personnage. Son existence évanouie a fait place à une vie d’immortalité qui n’a plus le sang pour mobile, mais l’esprit ; aussi, en sculpture, plus de veines, plus de fortes saillies qui s’accordent trop à la vie physique par le cliquetis des ombres et de la lumière.

Sculpture historique

IV. La sculpture historique date des modernes.

(p 38)
IV Ceux qui cherchent des points de rapprochement entre l’art grec et l’art moderne ont bien tort. Chez les Grecs, la sculpture historique n’existait pas. Les héros vêtus de beauté étaient assimilés aux dieux. Chez eux, peu de représentations de grands hommes, toujours des divinités. Chez les modernes, les grands hommes ne sont que des êtres privilégiés auxquels les nations reconnaissantes élèvent des monuments selon les idées qui prédominent aujourd’hui. On les particularise par le costume de leur époque et la spécialité qui les a distingués. (…)

V. (La sculpture historique) réclame la vie dans les lignes

V. Avez-vous mission de traiter un sujet historique, chercher la vie dans les lignes.

Sculpture allégorique

XI. L’avenir de la sculpture allégorique

(p 40)
XI. – Lorsqu’on aborde l’allégorie, une grave question se pose. L’artiste de ce temps doit-il être le continuateur des Grecs tant au point de vue du costume que des visages inscrits dans une théogonie que nous avons peine à comprendre et qui nous laisse indifférent ? Ou bien l’artiste doit-il s’emparer des figures symboliques de la mythologie, qui ne sont pas encore dépourvues de sens pour nous, et leur donner pour attributs des objets empruntés à notre vie contemporaine, de telle sorte que, par une heureuse alliance du moderne et de l’antique, l’allégorie revête un cachet typique de notre époque ? Enfin, est-il préférable que l’artiste puise dans son génie les éléments d’une réalité plastique entièrement neuve et qui soit l’expression de nos coutumes, de nos mœurs, de notre âge ? Je crois que l’allégorie sera prochainement renouvelée par un homme d’élite qui aura la puissance d’imprégner la sculpture moderne d’une vue toute d’actualité unie à une grâce idéale.

XII. La simplicité, le naturel, caractères indispensables de l’allégorie

(p 41)
Plus une allégorie est simple et lisible, plus vous prêtez d’esprit au spectateur, qui s’applaudit d’avoir trouvé le mot de l’énigme.

Les Grecs savaient qu’un dialogue a surtout besoin du naturel pour être pathétique. L’audace, les élans de la haute poésie étonnent et charment l’imagination beaucoup plus qu’ils ne touchent le cœur. Un tombeau couvert des allégorie les plus poétiques vous laissera froid, tandis que le berceau vide et les jouets d’un enfants placés sur sa tombe vous feront pleurer.

XIII. L’allégorie peut entrer comme élément poétique dans une page modelée

(p 41)
L’allégorie, quand elle est très-claire, peut, dans une scène empruntée à la réalité, servir à indiquer la partie poétique du sujet, à exalter en élevant l’imagination ; elle aide à rendre plus sensible les sentiments moraux ; elle les explique comme sur let théâtre grec le chœur expliquait les événements aux spectateurs. L’artiste doit se faire comprendre par la poésie de son discours. Toutefois, il arrive que souvent le drame impressionne assez vivement par lui-même pour n’avoir pas besoin d’être poétisé. (…)

Sculpture Iconique

XIV. La vérité individuelle et la vérité typique

(p 41)
XIV. – Il y a des tempéraments rétif dont les portraits minutieusement exacts sont la reproduction permanente de (p 42) modèles individuels, et non l’image idéalisée de figures typiques. Ces artistes peuvent être comparés au miroir inexorable qui ne fait grâce ni d’une tâche, ni d’une ride, ni d’une ligne capricieuse en désaccord avec l’ensemble, et de nature à rompre l’harmonie générale. Qu’ils prennent garde, il existe trois sortes de personnes qui ne s’accommodent point de l’image littérale de la tête humaine. Les hommes à l’esprit paresseux n’accordent aucun mérite à l’artiste qui ne es émeut pas par la soudaineté de la touche et les laisse à leur indolence naturelle ; les imaginations vives ne se sentent pas satisfaites ; les natures mélancoliques sont blessées par le réalisme des portraits.

 

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